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AHLEL-BEIT (SA)

Destruction de Baqi' par les Wahhabites

2018/06/24

Destruction de Baqi' par les Wahhabites

Al-Baqî’, Janatou-l-Baqî’ ou Baqî’ou-l-Gharqad est le premier et le plus ancien cimetière islamique de Médine où sont enterrés quatre Imams parmi les imams (pseux) des musulmans et de nombreuses autres personnalités dont des compagnons du saint Prophète (pslf) et des Tâbi’oûn (disciples des compagnons du Prophète (pslf)/la génération qui vient juste après eux). Selon certains rapports, la tombe de l’honorable Fatima Zahra (a), fille du Prophète (pslf) est là-bas.

Le cimetière est considéré comme un des sites sacrés des musulmans et surtout pour les partisans des gens de la demeure prophétique qui rendent visite aux tombes qui s’y trouvent. D’après un récit saint, l’honorable Prophète de l’islam (pslf) s’est rendu une nuit vers la fin de sa vie à Baqî’ pour demander le pardon pour ceux qui y étaient enterrés.

Dans le passé, des bâtiments et des coupoles étaient dressés sur les tombes des Imams et de certaines autres personnalités, constructions qui étaient détruites au cours de l’offensive des Wahhabites contre Médine en 1221 de l’hégire, mais plus tard, elles ont été reconstruites, selon l’ordre du sultan ottoman, Abdou-l-Hamid II.

Ces derniers bâtiments ont été encore démolis le 8 Chawal1344 de l’hégire, au cours de la seconde offensive lancée par les Wahhabites, cette fois par l’émir Mohammad, le gouverneur de Médine, sur l’ordre de son père, Abdou-l-Aziz Al-Sa’ oud.

 

Al-Baqî’ au cours du temps:

Al-Baqî’ vient du terme Baqa’a qui signifie une terre différente des terrains voisinant ou bien une terre où les arbres ou leurs racines sont éparpillés.

Dans les sources islamiques, on cite Baqî’ comme un fameux cimetière à Médine, appelé aussi Baqî’ou-l-Gharqad, à cause des arbrisseaux ou des Gharqad qui y poussaient.

Après l’installation du saint Prophète (pslf) à Médine et la hausse du nombre des musulmans en cette ville, on avait besoin d’un cimetière propre aux musulmans. C’est pourquoi, après quelque patrouille dans différents secteurs de Médine, et par les orientations données par l’ange Gabriel, Baqî’ a été choisi.

Cette terre se trouvait pas trop loin de la Mosquée du Prophète et au prolongement de la porte dite de Gabriel. A la suite de l’enterrement de quelques compagnons, y compris Ass’ad b. Zourara de Khazraj au premier an de l’hégire, Ibn Sa’d et Othman b. Madh’oun, au Dhou-l-Hijjah de l’an 2 après l’hégire, les Médinois ont montré plus d’intérêt à l’enterrement des défunts à Baqî’.

Cependant l’inhumation de gens tels que Fatima bt. Assad, mère de l’Imam Ali (pseux) et Abbas, oncle du Prophète et des Imams infaillibles chez Aqil b. Abi Talib est le signe de la poursuite de l’enterrement des morts dans les maisons surtout dans celles se trouvant à proximité de Baqî’.

Les maisons de certains compagnons se trouvant près de Baqî’, ou les terrains séparant Baqî’ de la Mosquée du Prophète et dont une partie était transformée en tombe familiale, comme celles d’Aqil b. Abi Talib, Mohammad b. Hanafiyah et Ibn Aflah ont été petit à petit ajouté au cimetière.

On ne connaît guère les dates exactes de ces extensions. Après la destruction graduelle des maisons et des rues qui séparaient Baqî’ al-‘Ammât (tombes des tantes du saint Prophète) du cimetière, en 1373 de l’hégire lunaire, le secteur, d’une superficie approximative de 3500 m2, et la rue les liant a été intégré et la rue qui les séparait et qui s’appelait Zoqâqou-l-‘Ammât (rue des tantes du Prophète), d’une superficie de 824 m2 a été ajoutée à Baqî’ permettant ce dernier à atteindre une superficie de 15000 m2 (150×100 m).

Plus tard, en 1385 de l’hégire lunaire, un terrain en forme triangulaire, de 1 612 m2, se trouvant au Nord de Baqî’ et appartenant à la mairie a été ajouté à Baqî’.

A la suite du second projet d’extension lancé par Al Sa ‘oud, la superficie de Baqî’ a augmenté pour arriver à 180000 m2.

Baqî’ se trouve actuellement à l’Est de la Mosquée du saint Prophète (pslf), à une distance approximative de 100 mètres, au milieu de Médine et est entouré par les avenues Sitîn, ‘Abdou-l-‘Aziz et Aboudhar et le début de l’avenue Bâb al-‘Awali y commence.

 

Les mérites d’ Al-Baqî’ :

Les rapports et récits saints sur Al Baqî’ montrent qu’il s’agit d’un endroit digne d’intérêt pour Dieu Très-Haut. Selon un récit saint, le Prophète (pslf) a été chargé de demander le pardon pour ceux qui étaient enterrés à Baqî’. On rapporte qu’il se rendait chaque vendredi à Baqî’ pour demander l’absolution pour les morts.

Il y a de nombreux rapports sur la présence du Prophète (pslf), ses interventions, ses prières y compris la tenue de la prière de l’hydropisie et de celle de la fête à Baqî’.

D’après un autre rapport, durant la dernière année de sa noble vie, accompagné d’un groupe de compagnons, le Prophète (pslf) s’est rendu à Baqî’ pour s’y référer aux morts et de faire état de son décès.

Selon certains rapports, Fatima (a), honorable fille du Prophète (pslf) fréquentait beaucoup Baqî’ et pleurait la disparition de son père. Même, l’endroit où priait l’honorable Fatima (a) dans une mosquée à Baqî’ était connu. Les gens de la Maison Prophétique pour leur part attachaient un intérêt spécial à Baqî’ et les sources abondent en rapports sur la Ziyarah (visite pieuse) des Ahlou-l-Beit (pseux).

De nombreux ulémas chiites et même opposants des Ahlou-l-Beit (sunnites) ont émis des fatwa sur les mérites de la Ziyarah de Baqî’.

 

Qui sont enterrés à Baqî’ ?

 Le premier émigré à être enterrés à Baqî’ était Othman b. Ma’dh’oun, éminent compagnon du Prophète (pslf), décédé en l’an 2 de l’hégire et Ass’ad b. Zourarah était Le premier parmi les Ansar (gens de Médine) que d’après Ibn Abdpu-l-Birr, les émigrés et les Ansar étaient partagés à cet égard, parce que pour ceux-ci, Ass’ad b. Zourarah, était un des compagnons qui ont prêté serment au premier ‘Aqabah et au second ‘Aqabah, et qui était mort avant la bataille de Badr. On considère Sahl b. Sa’d Sa’idi, mort en 88 ou 91 de l’hégire à Médine, comme le dernier compagnon à être enterré à Baqî’.

Baqî’ n’était pas consacré à un groupe particulier, mais chacune des tribus résidant à Médine en avait consacré une partie à ses morts. Ultérieurement les parties entourant les tombes des Imams infaillibles des musulmans (les imams duodécimains) étaient consacrées aux défunts chiites, et les autres parties aux corps des opposants d’Ahlou-l-Beit (pseux).

Cependant, de nos jours, on n’enterre plus dans les endroits où les grands compagnons du Prophète (pslf) et les Imams (pseux) sont enterrés.

 

Al Baqî’ sépulcre des imams infaillibles des musulmans :

Quatre Imâms duodécimains soit: al-Hassan al-Mujtaba (a), as-Sajjad (a), al-Baqir (a) et l’imam as-Sadiq (a) sont enterrés à Baqî’ et la tombe de Fatima aussi peut s’y trouver, même si l’endroit exact en soit méconnu.

Dans un mémorial, à l’occasion de la disparition de l’Imam as-Sadiq (a), Mass’oudi fait allusion à une pierre en marbre où ont été inscrits les noms de l’honorable Fatima et des quatre Imams de sa descendance bénie.

 

Compagnons et épigones enterrés à Baqî’ :

Les filles du saint Prophète (pslf), son fils nouveau-né Ibrahim, ses épouses (Mères des croyants) et ses descendants, à l’exception de l’Imam al-Hussein (psl), sont tous enterrés à Baqî’.

Parmi les compagnons et les épigones inhumés à Baqî’, on peut citer : Ja’far b. Abi Talib, son frère Aqil b. Abi Talib, Othman b. Affan (troisième calife), Malik ibn Anas (chef des Malikites sunnites), Halima Sa’diyah (nourrice du Prophète), Abbas b. Abdou-l-Mouttalib (oncle du Prophète) et Fatima bintou Assad (la mère de l\'Imam Ali). Peu à peu c’était un honneur d’être enterré à Baqî’, parmi les Ahlou-l-Beit (a), les Imams et les saints.

Une nuit, vers la fin de sa vie, le Prophète (pslf) s’est rendu à Baqî’ pour solliciter le pardon de Dieu pour ses morts. Peut-être, c’est cette visite à quoi selon ses propres dires, il a été chargé par Dieu, qui a renforcé cette tendance.

 

Construction de coupoles et de sanctuaires de Baqî’:

Des coupoles et des sanctuaires ont été mis en place sur les tombes des hommes illustres, par exemple d’après Ibn Joubayr, la coupole du sanctuaire de l’Imam al-Hassan al-Moujtaba (a) ou celle d’Abbas étaient très hautes. Ibn Batoutah, a vu Baqî’, au milieu du 8e. Siècle, de la manière suivante : la tombe de Malik ibn Anas est munie d’une petite coupole, celle d’Ibrahim d’une coupole blanche, celles des épouses du saint Prophète (pslf), d’Abbas et de l’Imam al-Hassan al-Moujtaba (a) d’une haute coupole solide, celle du troisième calife Othman d’une grande coupole et la tome de Fatima b. Assad (ra) se trouve tout près.

Safadi fait allusion que les tombes des quatre Imams infaillibles et celle d’Abbas, oncle du Prophète (pslf) disposaient d’une grande coupole.

Un prince Qadjar, Farhad Mirza, qui a visité Baqî’ en 1293, et Mohammad Hussein Khan Farahani, ayant visité Baqî’ en 1303 de l’hégire ont écrit :

« Il y a un mausolée pour les quatre Imams (s) et Abbas, la tombe attribuée à l’honorable Fatimatou-z-Zahra (a) est munie d’un rideau cannetille sur son mausolée, dédié par le Sultan Ahmad l’ottoman en 1131 de l’hégire lunaire. Il existe un mausolée au-dessus des tombes des filles du Prophète (pslf) et un autre sur les tombes de ses épouses et d’autres mausolées aussi ».

Cependant pour Burckhardt, ayant visité Baqî’ après l’arrivée au pouvoir des wahhabites, le cimetière est devenu l’un des plus humbles de l’Orient. Le cimetière est considéré par les pèlerins, comme la tombe de Hamza à Ouhoud ou la première mosquée de l’islam à Quba, en banlieue de la ville, comme l’un des lieux dont la visite fait partie des actes cultuels.

 

Destruction des coupoles de Baqî’:

Les coupoles et les édifices détruits par les premiers groupes de wahhabites en 1221 de l’hégire lunaire ont été réparées sur l’ordre d’‘Abdou-l-Hamid II, le sultan ottoman ; mais en 1344 de l’hégire lunaire, elles ont été détruites encore une fois, par l’émir Mohammad gouverneur de Médine, sur l’ordre de son père, ‘Abdou-l-Aziz Al-Sa’oud.

Avant la destruction et pour prévenir la protestation des musulmans du monde et notamment les chiites, le grand juge du régime saoudien, Aboullah b. Soulayman s’est rendu personnellement à Médine pour solliciter dans une lettre officielle l’avis des ulémas de Médine sur la mise en place de monuments sur les tombes. En réponse à cette lettre, qui selon les dires, était pleine de contrainte et de menace, on évoque l’interdiction de monuments sur les tombes et le fait que Baqî’ était un terrain de legs pieux. Après la publication de cette lettre, Baqî’ a été détruite, ce qui a provoqué la vive protestation des musulmans.

 

Réaction des musulmans contre la destruction de Baqî’ :  

Pour Sayid Mouhsin Amine, le comportement du roi saoudien de détruire Baqî’, a inquiété les ulémas et les responsables officiels iraniens et une commission officielle a été envoyée à Hidjaz pour dresser un bilan. De même, de grands tumultes étaient apparus en Inde, à la suite de quoi une délégation a été envoyée à La Mecque pour transmettre la vive protestation des musulmans indiens. Cependant le sultan ne s’est pas rendu à leurs revendications.

 

Des ouvrages rejetant les idées wahhabites:

Outre les actions citées, plusieurs ulémas musulmans ont écrit des livres pour rejeter les idées wahhabites sur la destruction des tombes y compris à Baqî’:

Kashfou-l-Irtiyabi, par Sayid Mouhsin Amine al-Amili, Ar-Raddou Ala-l-Wahabiyah (réponses aux wahhabites) par Mohammad Jawad Balaghi…etc.

 

Baqî’ après la destruction:

De nos jour, les tombes à Baqî’ continuent à vivre sans coupoles ni de monuments. Sur les tombes sont placées des pierres sur lesquelles il n’existe d’inscription. Ruther qui a visité Baqî’ en 1305, soit après la seconde invasion wahhabite, le compare avec les ruines d’une ville après un tremblement de terre. En 1333, sous les pressions exercées par les références religieuses et certains acteurs politiques, des passages ont été mis en place en ciment pour faciliter les vas et viens des pèlerins. Sous les directives de Fayçal fils d’Abdou-l-Aziz, une grande porte a été placée à l’entrée de Baqî’ et il a fallu attendre des années pour voir un parasol se dresser à l’angle ouest.